Clin d'oeil sur... les cherax !

Clin d'oeil sur... les cherax !

shanganagh-takhisis
Créé il y a 3 ans

Généralités

Le genre Cherax comprend environ 60 espèces, quasiment toutes originaires de Papouasie-Nouvelle Guinée et d’Australie où on les appelle « Yabbies » et elles sont élevées de façon industrielle (astaciculture) pour leur chair dont le goût rappelle celui du homard. Elles sont considérées comme un produit de luxe.

On en récolte 30 tonnes par an en Australie mais la pêche récréative est sévèrement réglementée et limitée à une seule saison.

L’espèce-type est Cherax Preissii, également appelée « Koonac commun » et qui peut atteindre 20 cm.

cherax preissii
Cherax Preissii (Koonac commun)

Les écrevisses sont éminemment adaptables comme en témoigne leur système respiratoire qui leur permet de vivre émergées comme immergées.

Dans la nature, on les trouve aussi bien en étangs qu’en rivière, en plaine ou en altitude, mais elles ne supportent pas pour autant les températures faibles, et en dessous de 16°C, elles entrent en hibernation. Très résistantes à la sécheresse, elles peuvent ainsi vivre dans les cours d’eau intermittents et passer de longues périodes de sécheresse en s’enfonçant profondément dans le substrat et en réduisant leur métabolisme. Chez certaines Cherax, les terriers peuvent descendre à plus de 2 mètres de profondeur.

L’espèce la plus cultivée et aussi la plus destructrice est Cherax Destructor, ou Ecrevisse de Murray, qui est capable de fragiliser de petits barrages quand elle creuse les berges des cours d’eau pour faire son terrier. Malheureusement, depuis février 2019, une colonie de cette espèce a été découverte par un technicien de rivière et un représentant de l’Agence Française pour la Biodiversité dans un petit fleuve breton de 5 km. Néanmoins, il ne semble pas que ces écrevisses se soient échappées d’un élevage mais plutôt qu’elles aient été lâchées dans des étangs-barrages en amont du fleuve par des aquariophiles indélicats. Thèse confortée par la présence de ces écrevisses dans les ruisseaux reliant les étangs entre eux.

Seules deux espèces ont été introduites en Europe (Espagne) dans un but d’élevage, C. Destructor et plus récemment, C. Quadricarinatus, deux espèces que l’on retrouve régulièrement en aquariophilie.

Morphologie

Cherax Morphologie
Cherax Morphologie

L'écrevisse fait partie du grand groupe des arthropodes (pattes articulées). Elle possède un squelette externe (carapace) formé de chitine membraneuse et cornée plus ou moins imprégnée de calcaire. Les articulations ne sont pas calcifiées, ce qui permet à l'animal de se mouvoir. Le corps est divisé en deux parties : le céphalothorax (segments de la tête et du thorax soudés) et de l'abdomen. Le céphalothorax est terminé en avant par un éperon, le rostre, qui est caractéristique de l'espèce.

La région céphalique porte trois paires d'appendices qui constituent la bouche et les « mâchoires » et deux autres qui forment 2 paires d'antennes. Le thorax supporte 5 paires de péréiopodes (pattes locomotrices). La première est terminée par de puissantes pinces. Les deux suivantes par de minuscules pinces et les deux dernières par une griffe. L'écrevisse se déplace sur le fond du cours d'eau avec 4 paires de pattes, les pinces servant à se défendre.

De chaque côté du céphalothorax, on trouve une chambre contenant les branchies. L'eau entre par la base des pattes locomotrices et ressort par la bouche sous l'effet d'un courant créé par le mouvement perpétuel des appendices buccaux.

L'abdomen est formé de 6 segments plus une sorte de nageoire caudale, le telson, qui porte l'anus. Sous l'abdomen, on trouve de petites pattes appelées pléopodes. Chez la femelle, elles servent à retenir les œufs durant l'incubation, alors que chez le mâle les deux premières paires sont modifiées en appareil copulateur.

Le telson sert de propulseur pour la fuite rapide en marche arrière quand l'écrevisse se sent menacée. Les yeux se trouvent à l'extrémité d'un pédoncule mobile. Ils sont composés de centaines de facettes comme chez les insectes.

Cherax Morphologie

Le système digestif est composé de trois parties : un estomac volumineux et très musculeux précédé d’un court œsophage (pour le broyage des aliments), un intestin moyen et glandulaire avec un hépatopancréas (sécrétant la cellulase, enzyme permettant de digérer la cellulose végétale) et un intestin postérieur (caecum), long tube droit se prolongeant jusqu’au telson.

Le système circulatoire est “ouvert” et constitué d’un cœur, perforé de 3 paires de trous (ostioles), permettant au liquide sanguin de la cavité générale du corps d’y pénétrer lorsqu’il se dilate. A 20°C, le cœur de l’écrevisse bat à raison de 30 - 40 fois par minute. Un réseau d’artères alimente les différents organes du corps, mais comme la circulation n’est pas fermée, le sang se déverse à l’extrémité de ces vaisseaux dans les cavités situées entre les organes.

Le système nerveux est essentiellement ganglionnaire, à raison d’une paire de ganglions par segment. Le ganglion se trouvant au-dessus du pharynx est appelé “cerveau” de l’écrevisse. Il est relié à une chaîne ventrale composée de 22 ganglions. Des ganglions partent les connexions nerveuses vers les muscles du corps, la tête et les différents organes du corps.

Les muscles les plus développés sont ceux de l’abdomen (2 paires : les dorsaux ou extenseurs et les ventraux ou fléchisseurs) et ceux des pinces. Ce sont ces muscles-là qui sont consommés par l’homme. L’écrevisse possède bien sûr d’autres muscles, moins puissants : ceux des mandibules, des autres pattes et de l’estomac.

L’appareil génital est constitué de testicules chez le mâle et d'ovaires chez la femelle. Les orifices génitaux se trouvent à la base de la 3ème paire de pattes chez la femelle et de la 5ème paire de pattes chez le mâle. L’écrevisse est une espèce dite « gonochorique » dans le sens où les sexes sont séparés et qu’elle effectue une fécondation externe.

Cherax difference male femelle

Reproduction

Pour s’accoupler, le mâle saisit la femelle entre ses pinces et la retourne sur le dos, le plus souvent après la mue de cette dernière. Il dépose une masse de sperme sur le ventre de la femelle près de ses orifices génitaux.

Cherax accouplement

La ponte a lieu peu de temps après, les œufs étant fécondés au fur et à mesure, puis stockés entre les pléopodes de la femelle, dans une substance gélatineuse qu’elle produit à partir de glandes.

Cherax oeufs

La durée d’incubation est variable selon l’espèce mais dure au minimum 3 semaines à l’issue desquelles les larves resteront encore accrochées sous leur mère pendant un certain temps.

Cherax larves

Les plus fréquentes en aquarium

Cherax Destructor (Ecrevisse de Murray)

Originaire d’Australie, la Yabbie bénéficie d’une croissance très rapide et d’une taille imposante, elle peut atteindre 20 cm voire 30 cm de long et un poids de 300 g. Les femelles sont matures dès la première année et peuvent se reproduire plusieurs fois par saison (jusqu’à 5 fois lorsque les conditions le permettent). Très tolérante vis à vis de la température de l’eau (1 °C à 35 °C avec un optimum vers 20-25°C), de la salinité (jusqu’à 16 g/L) et de l’oxygène dissout (tolérant des concentrations < 1 mg/L), elle se rencontre dans une large gamme d’habitats allant de la mare au cours d’eau alpin. Néanmoins, ses préférences vont plutôt vers les cours d’eau ou les plans d’eau plus ou moins troubles avec des fonds sablonneux ou vaseux localisés dans des régions à fortes températures estivales et faibles précipitations entraînant des assèchements partiels. Particulièrement résistante, elle peut subir de très longues périodes de sécheresse, parfois même des années.

Cherax Destructor
C. Destructor bleue
Cherax dessin
Dessin de Ludwig Becker – Source : Musée Victoria

Très appréciée en aquariophilie, sa couleur dépend directement de la qualité de l’eau dans laquelle on la maintient. Dans des eaux claires, elles seront noires, bleu foncé ou brun foncé alors que dans des eaux troubles, elles seront vert clair ou beige clair. C'est un animal nocturne se nourrissant de détritus d'algues ou autres végétaux mais aussi de poissons ou autres animaux.

Cherax Albertisii (Ecrevisse bleue tigrée)

Cette Indonésienne d’une dizaine de centimètres vit dans des zones boueuses pendant la période des inondations, dans la végétation en décomposition. En période sèche, elle se réfugie dans des terriers creusés sur les rives de la rivière. Elle préfère les zones de forêts tropicales mais également dans différentes criques et cours d'eau en milieu moins protégé. On la retrouve en compagnie de C. Peknyi et C. Quadricarinatus.

cherax albertisii

Cherax Quadricarinatus (Ecrevisse bleue tigrée)

Originaire d’Australie, elle mesure 10 à 12 cm adulte et est moins agressive que ses consœurs. On peut trouver la variété Super Blue d’un bleu intense en animalerie.

C. Quadricarinatus Blue
C. Quadricarinatus Blue
C. Quadricarinatus Super Blue
C. Quadricarinatus Super Blue

Cherax Peknyi

C’est probablement celle que l’on trouve le plus dans le commerce aquariophile car elle possède plusieurs variétés de couleurs différentes. Malgré sa petite taille 10-12 cm quand elle est adulte, il ne faudra pas envisager moins de 160 litres pour un couple et, à moins de posséder un aquarium de très grand volume, on ne mettra pas deux mâles car ils ont beaucoup de mal à se supporter.

cherax peknyl

C’est une espèce facile à reproduire, même pour un débutant, pour peu que l’on respecte quelques règles de base, à commencer par une très épaisse couche de substrat pour lui permettre de creuser son terrier et de nombreuses cachettes. De mœurs nocturnes, elle passe la majeure partie de son temps dans son terrier. Elle est donc susceptible de refaire tout votre aquarium à sa convenance si vous n’avez pas assez anticipé ses besoins. Vous pouvez utiliser des tubes en terre cuite, des briques creuses ou réaliser des grottes en pierres.

Si elle n’est pas agressive avec les poissons qui l’entourent, elle est en revanche spécialisée dans la chasse aux escargots dont elle raffole. Pour le reste de son alimentation, elle est omnivore et mangera tout ce qu’on lui offrira.

Cherax claw
C. Peknyi "claw"
Cherax fire-claw
C. Peknyi "fire-claw"
Cherax kiunga
C. Peknyi "kiunga"
Cherax blue-kong
C. Peknyi "blue-kong"

Les autres espèces de cherax

Beaucoup d’entre elles peuvent être maintenues en aquarium, mais il peut être difficile de se les procurer. Le mieux étant de se rapprocher de clubs aquariophiles susceptibles d’en maintenir.

Cherax Albidus
C. Albidus
Cherax Alyciae
C. Alyciae
Cherax Boesemani
C. Boesemani
Cherax Cainii
C. Cainii
Cherax Depressus
C. Depressus
Cherax Holthuisi
C. Holthuisi
Cherax Lorentzi
C. Lorentzi
Cherax Pulcher
C. Pulcher
Cherax Robustus
C. Robustus
Cherax Snowden-Habitus
C. Snowden Habitus
Cherax Gherardii
C. Gherardii
Cherax Warsamsonicus
C. Warsamsonicus

Mise en garde

Si vous décidez de maintenir une de ces écrevisses, votre bac devra être parfaitement fermé !

Les écrevisses sont des exploratrices nées, ce qui signifie qu'elles peuvent se transformer en reines de l'évasion lorsque vous avez le dos tourné. Dans l'idéal, vous devrez choisir un aquarium avec un couvercle amovible pour vous assurer qu'elle reste dedans. Si cela n'est pas possible, vous pouvez utiliser de petits bouts d'éponge pour sceller les ouvertures sur le haut de l'aquarium, surtout tout autour du filtre. N'utilisez pas de plastique ou de papier aluminium, car cela peut empoisonner les écrevisses si elles en mangent.

Faites attention de bien bloquer toutes les issues possibles. Si votre écrevisse parvient à se frayer un chemin en dehors de l'aquarium, elle pourrait se déshydrater et mourir en quelques heures.

Si vous attrapez votre écrevisse en dehors de son aquarium, ne la remettez pas tout de suite dans l'eau, elle se noierait irrémédiablement. Placez-la dans un récipient, juste recouverte d’eau afin que ses branchies se réadaptent à la vie aquatique.

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shanganagh-takhisis Créé il y a 3 ans
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